Chère petite sœur,
Aujourd’hui, tu es trop petite pour lire et comprendre cette lettre, mais un jour, quand tu seras plus grande, tu pourras la lire et tu comprendras tout.
Ma puce, je suis fière de toi. Extrêmement fière. À ton âge, tu as déjà vécu tout ce qui ne se vit pas. Ou en tout cas, tout ce qui n’est pas supposé arriver à une petite fille de 4 ans. Tu es une petite fille forte. Tu ne le sais pas encore, mais moi je le sais.
Tu ne t’es jamais formalisée du fait que nous n’ayons pas la même mère. Pour toi, ça te semblait normal. Que nous soyons sœurs ou demies-sœurs ça n’a pas d’importance, puisque l’amour que je te porte n’est pas moins grand ou moins fort que celui que je te porterais si nous avions les même parents. À vrai dire, moi non plus. Tu es ma sœur, un point c’est tout.
En gros, je veux que tu saches, ma puce, que même si je manque de patience de temps en temps, que même si tu me réveilles à six heures du matin en parlant à tes poupées, que même si tu te fâches parfois après moi sans que je ne comprenne pourquoi, que même si parfois tu fais ta difficile ou ta jalouse quand je ne joue pas avec toi et que même si tu fais exprès de venir me déranger pendant que je fais mes devoirs, je t’aime et je n’arrêterais jamais de t’aimer.
Je sais que tu vas grandir et que, peut-être, notre lien deviendra plus fragile, mais pour moi, tu resteras toujours ma petite fripouille adorée. Je me rappelle encore des moments où je regardais ta mère te faire prendre le bain. J’adorais ce moment. Pas pour les mauvaises raisons, mais parce que quand je te voyais, là, dans ton petit bain en plastique dans l’évier de la cuisine à gazouiller et à envoyer de l’eau partout où tu le pouvais, je te trouvais tellement mignonne. On avait nos petits jeux. Tu faisais des grimaces et nous, on en faisait tout autant. Tu riais tellement que tu bougeais dans tous les sens. Tu semblais libre et tellement heureuse. Au fin fond de mon cœur, mon vœu le plus cher aurait été que tu restes toujours aussi heureuse, mais je sais bien que c’est impossible. Comme tout le monde, tu auras tes moments plus sombres et j’espère de toute mon âme que ces jours-là, je serais avec toi.
N’oublie jamais de rester toi-même. Dans toutes les situations. Tu es parfaite quand tu n’essaies pas de l’être. Tu comprends ça? Tu es belle au naturel, tu n’as pas besoin de maquillage pour te sentir bien dans ta peau ou pour attirer les garçons (ou alors les filles). Tu es drôle, ne cache pas ce sens de l’humour derrière un masque de sarcasme et d’ironie. Tu es gentille, mais n’enfouis pas cette qualité derrière un manque de confiance en toi. Ne change pas pour contenter les autres, tu finiras pas te perdre. N’oublie jamais que c’est mieux d’être entourée de gens qui t’aiment pour ta vraie personnalité au lieu de gens qui ne connaissent de toi que ce que tu veux bien leur faire croire.
Je ne veux que ton bonheur.
Je t’aime plus que tout,
Ta grande sœur, Camotmille
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